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vous prier de raconter de nouveau cette belle action — dis-je au prince — bien certaine d’ailleurs que cette complaisance vous coûtera peu… les hommes à bonnes fortunes sont toujours si heureux, dit-on, de parler de galanterie.

— Oh ! je comprends — me dit le prince en souriant — je comprends… Vous m’adressez de charmants compliments pour m’empêcher de dire tout ce que je pense de vous… Mais que j’en trouve l’occasion, et je serai inexorable ; vous aurez beau flatter mon orgueil, je ne ménagerai pas votre modestie… Mais, puisque vous le désirez, je recommence le récit que je faisais à ces dames.

— Vous savez peut-être, Mesdames — dit le prince d’Héricourt — que Rochegune se battit si bien pour la cause des Grecs, qu’il fut nommé colonel d’un de leurs trois régiments de cavalerie ; régiment que d’ailleurs il avait créé et équipé à ses frais, et auquel, par une touchante pensée d’amitié, il avait donné l’uniforme des hussards dont M. de Mortagne avait fait partie sous l’empire. Cet uniforme était, je crois, blanc et or, à collet bleu. Si j’insiste