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une sorte d’engourdissement de la pensée et de la volonté.

Je menais la vie d’une recluse ; tous les gens de M. de Lancry l’avaient été rejoindre : ma maison se composait de Blondeau, de deux femmes et d’un vieux valet de chambre qui avait été au service de M. de Mortagne.

Je marchais beaucoup afin de me briser par la fatigue ; en rentrant, je me mettais machinalement à quelque ouvrage de tapisserie : il m’était impossible de m’occuper de musique ; j’avais une telle excitation nerveuse que le son du piano me causait des tressaillements douloureux, et me faisait fondre en larmes.

Madame de Richeville m’écrivait souvent. Lorsqu’elle avait vu mon mari arriver à Paris pour y rejoindre Ursule, elle m’avait proposé de venir me chercher à Maran, quoiqu’il lui en coûtât de se séparer d’Emma et de la laisser au Sacré-Cœur, où elle terminait son éducation ; j’avais remercié cette excellente amie de son offre, en la suppliant de ne pas quitter sa fille et aussi de ne jamais à l’avenir me parler de M. de Lancry et d’Ursule : je voulais absolument ignorer leur conduite.