côté de la cheminée était la princesse d’Héricourt. Son pâle et doux visage exprimait à la fois la dignité et la plus angélique mansuétude ; elle portait ses cheveux gris bouclés sous son bonnet avec une sorte de coquetterie de vieillesse. Tout en causant avec madame de Semur, cette bonne princesse ne pouvait s’empêcher de regarder quelquefois le prince d’Héricourt avec une sorte de sollicitude tendre et satisfaite.
J’étais toujours émue à la vue de ces deux vieillards, qui avaient traversé d’un pas ferme tant d’époques désastreuses en s’appuyant l’un sur l’autre, et arrivaient au terme de leur longue carrière le front haut, le sourire aux lèvres et les yeux au ciel.
Madame de Semur, assise à côté de la princesse, offrait avec elle un contraste frappant : c’était une femme de quarante ans à peine, dont la physionomie, à la fois noble et piquante, semblait résoudre un problème insoluble : allier le plus grand air du monde aux mobiles vivacités de l’esprit le plus pétillant et le plus imprévu. Enfin, près de la table à thé placée entre les deux fenêtres de ce salon, Emma travaillait à sa tapisserie.