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Un soir, vers les dix heures, traversant une petite galerie vitrée que j’avais fait construire pour pouvoir communiquer de mon pavillon à la maison de madame de Richeville, j’arrivai chez elle.

Je ne sais pourquoi il y a des salons privilégiés, dont l’arrangement, dont les proportions invitent à la causerie et à l’intimité. Celui de madame de Richeville était de ce nombre ; j’y ai passé de si douces soirées que je ne puis résister au plaisir d’en donner une esquisse : l’aspect des lieux qu’on a aimés semble augmenter encore la réalité des souvenirs.

Une première pièce ornée de bons et anciens tableaux conduisait au salon où madame de Richeville se tenait habituellement, salon tendu de damas vert, étoffe commune à la tenture, aux rideaux, aux portières et aux meubles de bois dorés sculptés dans le meilleur goût du siècle de Louis XIV.

Au coin de la cheminée était une large causeuse que madame de Richeville partageait ce soir-là avec le prince d’Héricourt, grand et beau vieillard à cheveux blancs, d’une figure pleine de noblesse, de calme et de sérénité ; de l’autre