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qui parut nécessairement aspirer avec délices l’odeur embaumée de ces belles fleurs. Quoique cette préférence ne fût pas rigoureusement de bon goût de la part d’Ursule, j’avoue qu’il était impossible de mettre dans ce mouvement plus de charme et de grâce provocante.

Par hasard presqu’en cet instant, je jetai les yeux sur une loge placée en face de celle de mademoiselle de Maran, et je vis à travers la lucarne ouverte la figure pâle et contractée de mon mari.

Placé dans le corridor il épiait sans doute Ursule, dont l’attitude et les manières devaient singulièrement exciter sa jalousie.

Au bout de quelques instants, M. de Lancry disparut, et vint à son tour saluer mademoiselle de Maran. Étant beaucoup plus jeune que le chargé d’affaires de Saxe, M. de Senneville fut obligé de céder sa place à mon mari ; ce qu’il fit non sans avoir en riant pris quelques fleurs au bouquet d’Ursule, et en avoir triomphalement orné sa boutonnière. Monsieur de Lancry semblait au supplice ; il échangea quelques mots avec mademoiselle de Maran.