Les prévisions de madame de Richeville ne l’avaient pas trompée ; ses soins, son amitié, la bienveillance des personnes que je voyais souvent chez elle effacèrent bientôt jusqu’aux dernières traces de mon ancienne tristesse : je jouis enfin d’un calme qui n’était pas de l’anéantissement, d’un repos qui n’était pas de la stupeur ; si ce n’était pas le bonheur, c’était du moins la cessation absolue de la souffrance.
Cet état de transition me paraissait plein de charme ; il ressemblait beaucoup à ce doux et léger engourdissement, à ce vague bien-être qui succède aux douloureuses maladies.
Une expérience due au hasard me prouva que ma guérison était complète.
Un jour je me promenais en voiture au bois de Boulogne avec madame de Richeville, je vis passer très rapidement deux femmes à cheval accompagnées de plusieurs hommes : c’était Ursule, la princesse Ksernika, M. le duc de Versac, M. de Lancry, lord C. et deux ou trois autres personnes dont je ne sais pas les noms.
Ma cousine montait avec sa grâce et sa