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tion d’héritage de M. de Mortagne, qui était tombée dans la communauté de biens, allait aussi être engloutie. Si indifférente que je fusse aux questions d’argent depuis la mort de mon enfant, j’étais cruellement blessée de voir ma fortune personnelle servir à alimenter le luxe de Mademoiselle de Maran et à satisfaire les caprices insensés de ma cousine.

Malheureusement, mon contrat de mariage était tel, que je ne pouvais en rien m’opposer aux folles prodigalités de mon mari. Ma seule ressource eût été dans un procès, dans une demande en séparation, mais pour rien au monde je n’aurais voulu descendre à ces extrémités et voir mon nom mêlé à de scandaleuses révélations ; j’ai toujours eu la pudeur du chagrin : à peine j’avais confié les miens à madame de Richeville. Je ne pouvais songer à mettre le public dans la confidence de ces misères.

Je me résignai donc à supporter ce que je ne pouvais empêcher. La modestie de mes goûts et de mes habitudes me rendait d’ailleurs ce sacrifice moins pénible…

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