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et de m’accorder une modique somme pour une œuvre pieuse.

Ce qui me frappa aussi profondément dans cette lettre, ce fut l’espèce d’effroi, de faiblesse superstitieuse qui perçait dans les dernières lignes ; les âmes mauvaises, les esprits orgueilleux sont toujours portés à attribuer leurs excès ou leurs crimes à la fatalité, à une cause surnaturelle, plutôt que de l’attribuer à l’infirmité et à la perversité de leur nature.

Et puis enfin, dernier trait bien digne d’observation : cet homme, autrefois si brillant, si insolemment fat et heureux, si méprisant des larmes qu’il faisait répandre, si froidement égoïste, si blasé sur les adorations, se voyait, dans cet amour, aussi humble, aussi moqué, aussi ridiculisé qu’un tuteur de comédie ; pourtant cet homme était jeune, beau, riche, spirituel ! En vérité la vengeance du ciel prend toutes les formes — disais-je. — Quelle forme prendra-t-elle pour atteindre Ursule ?

Je ne pouvais plus en douter, M. de Lancry marchait à grands pas vers sa ruine. Il ne lui restait plus que le prix de notre terre de Maran que j’avais rachetée secrètement. La por-