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Ursule ; d’autres fois, craignant d’être trompé et de passer pour un homme ridicule, je contribue à égarer l’opinion en nommant moi-même mes rivaux.

« Oh ! tenez, voici encore une des plaies de cet indigne et brûlant amour ; c’est de ne pas savoir si Ursule me trompe ! Je l’ai fait suivre. Peut-être s’en est-elle aperçue, car l’on n’a rien découvert : cela ne m’a pas rassuré. Je crois plus à son adresse qu’à sa vertu.

« Ce qui est encore affreux dans de pareils amours, c’est que les bassesses, les trahisons que l’on a commises sont autant de liens qui vous enchaînent à votre fatale idole… Quelquefois je m’indigne de ce qu’Ursule ne me tienne pas assez compte du mal que j’ai fait, des douleurs que je cause ; car cet argent que je dissipe à pleines mains… c’est la fortune de ma femme qui vit seule et malheureuse… Mais ces réflexions me trouvent impitoyable ; j’ai assez de mes chagrins sans songer à ceux des autres ; et puis c’est une question d’argent après tout, et je n’ai jamais su ce que c’était que l’argent… Toute ma terreur est de penser à ce que je deviendrai quand cette for-