Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien d’autres, l’indifférence, le dégoût viendraient bien vite… de même que si je me croyais impudemment joué, je l’abandonnerais sans hésiter… Malédiction ! Qui m’éclairera donc ? que pensez-vous vous-même ? Et encore non, moi seul puis juger de cela ; si j’en suis incapable, vous ne réussirez pas mieux que moi.

« Ce qui m’est encore douloureux, c’est la lutte de mon orgueil et de mon amour-propre : mademoiselle de Maran évite avec soin tout ce qui, aux yeux du monde, pourrait ressembler de sa part à une tolérance coupable ; j’ai revendu la maison que j’avais achetée à M. de Rochegune, et je me suis logé assez près de l’hôtel de Maran, à Auteuil, j’ai un pied à terre, et mes droits apparents ne sortent pas des limites d’une intimité ordinaire. Quant à Ursule, elle est pour moi dans le monde comme pour tous les hommes qui s’occupent d’elle, ni plus, ni moins, et beaucoup de mes amis demandent encore si je suis heureux ou non.

« Tantôt je me révolte à la pensée qu’un bonheur qui me coûte si cher soit ignoré, et je suis assez jeune pour songer à compromettre