« Oh ! vous n’imaginez pas ce que c’est que, de vivre dans ces alternatives continuelles d’espérance et de désespoir, de joie et de larmes, de colère et d’amour, de méfiance et d’aveuglement ; vous ne savez pas quel art infernal sait lentement filtrer l’ambroisie dont elle pourrait m’enivrer ! Figurez-vous un malheureux dont les lèvres sont desséchées et à qui l’on distillerait goutte à goutte à de longs intervalles l’eau limpide et fraîche qui pourrait apaiser la soif…
« Oh ! dites, dites, ne serait-ce pas rendre sa soif plus inextinguible, plus cruelle encore ? Dites, ne serait-ce pas à mourir de rage ?… Telle est pourtant ma vie… sans cesse dévorée d’amour… Ursule ne m’accorde jamais assez pour satisfaire ma passion, et toujours assez pour l’irriter et pour rendre ainsi sa domination plus despotique encore.
« Oh ! la créature infernale… Elle sait bien que d’un souvenir ardent naissent d’ardentes espérances, et que ce qui est inassouvi est toujours éternel.
« Tel est le secret de ma faiblesse de ma lâcheté, de ma honte. Tel est aussi le secret