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Je me traçai un plan de conduite avec la ferme résolution de n’en pas dévier.

Huit jours suffisaient a Ursule pour décider son mari à quitter Maran ; si au bout de huit jours elle n’était pas partie, si d’ici là j’acquérais la conviction que ses dédains affectés n’étaient qu’une perfide manœuvre de coquetterie, j’étais résolue de suivre les conseils de madame de Richeville.

Une fois seule avec Gontran, j’espérais par ma tendresse, par l’intérêt que devait lui inspirer l’état dans lequel je me trouvais, j’espérais, dis-je, chasser Ursule de sa pensée.

Sinon, si son amour pour elle grandissait avec les obstacles ; si je succombais après avoir lutté contre la détestable influence de cette femme, de toutes les forces de mon amour, de mon dévoûment, je succomberais du moins avec dignité : mon enfant me resterait, et je vivrais pour lui seul.

Il m’est impossible de dire le calme, la confiance, que me donna cette résolution.

Je n’avais plus, comme par le passé, de ces effrois vagues, de ces douleurs sans but et sans bornes.