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J’apprends à l’instant que M. de Mortagne a été hier gravement blessé en duel… On dit (et je ne puis le croire) que notre malheureux ami, dont vous connaissez le caractère et la loyauté, a été l’agresseur.

Les chirurgiens ne peuvent encore donner aucun espoir ; le premier appareil ne sera levé que dans la soirée ; je ne sais pourquoi je redoute que le duel de M. de Mortagne ne soit la suite de quelque odieux complot…

Tout-à-l’heure, j’étais allée moi-même savoir de ses nouvelles ; enfoncée dans ma voiture, j’attendais à la porte de la maison qu’il habite seul, comme vous savez, que mon valet de pied fût de retour : deux hommes de haute taille, bien vêtus, mais d’une tournure vulgaire, vinrent sans doute aussi pour s’informer de ses nouvelles. Avant d’entrer, ils se firent, en s’excusant de passer l’un devant l’autre, quelques révérences grotesques qui me surprirent ; après être un instant restés dans la maison, ils sortirent et se tinrent une minute devant la porte en regardant de côté et d’autre. Alors, l’un de ces hommes, le plus