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me ?… Que suis-je moi-même ?… Quelle est cette vie ? Est-ce un rêve ? Est-ce une horrible réalité ? Et vous… vous qui êtes là devant moi, qui me regardez, qui que vous soyez… répondez… où suis-je ? Quelle est la vérité ? Quel est le mensonge ? Comment ! depuis huit jours la tendresse que me prodiguait Gontran, c’était un piège, une fausseté insultante ! Mais à quoi bon cette feinte ?… Puisque vous partiez… puisque vous allez partir ! Oh ! c’est un chaos dans lequel ma tête s’égare et se perd… je délire, mon Dieu ! je délire !!… ayez pitié de moi… éclairez-moi… Ursule, voyez, suis-je assez humiliée ?… Suis-je assez malheureuse ? Tenez, me voilà à vos pieds, Ursule… à vos pieds.

— Au nom du ciel ! relevez-vous, Mathilde… Maintenant, c’est moi… c’est moi qui vous demande grâce.

— Je vous pardonne, je vous pardonne… mais au moins dites-moi la vérité, toute la vérité, si affreuse qu’elle soit… Je suis mère, je ne m’appartiens plus : à force de douleur, je tuerais mon enfant ; je vous dis que je ne veux plus souffrir, je ne le veux plus ! si Gontran