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ait été heureuse ; vous semblez moins soucieux que ces jours passés.

— Mon Dieu, rien de plus simple ; vous le savez, souvent les plus petites causes ont de grands effets. Ce matin, en m’en allant sur mon poney, j’étais de mauvaise humeur, je commençai la chasse machinalement, sans plaisir, le ciel était voilé de brouillard. Tout à coup un brillant rayon de soleil perce les nuages ; la nature semble s’illuminer, resplendir : je ne sais pourquoi je fis comme la nature ; mais, j’étais morose, et je devins tout-à-coup heureux et gai… heureux et gai comme à vingt ans, ou mieux… heureux et gai comme le jour où vous m’avez dit : Je vous aime. Voyons… regardez-moi — me dit Gontran avec charme — regardez-moi et comparez, madame, si vous avez, comme moi, conservé un souvenir immortel de ce beau jour.

Cela était vrai, de la vie je n’avais vu à mon mari une physionomie à la fois plus riante et plus indiciblement heureuse.

— En effet… — lui dis-je sans pouvoir cacher ma surprise — votre figure respire le bonheur et me rappelle bien de beaux jours…