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vous savez bien que j’étais étrangère à ces perfidies de ma tante ; mais vous savez bien que, même pendant notre enfance, je me faisais punir pour partager les rigueurs qu’on vous imposait ; mais vous savez bien que plus tard il n’a pas dépendu de moi que vous ne fissiez un mariage selon votre cœur…

— Vous m’avez offert la moitié de votre fortune, me direz-vous ; l’ai-je acceptée ? Qui donc vous dit que je n’ai pas ma fierté comme vous avez la vôtre ? qui donc vous dit que je n’ai pas été encore aigrie davantage par vos éternelles affectations de générosité, de pitié ?

— Mais vous m’avez donc toujours haïe ? mais ces assurances d’amitié que vous m’avez données jusqu’ici étaient donc autant de mensonges, autant de blasphèmes ? Comment dès notre enfance, cette odieuse haine a fermenté en vous ? Comment, vous avez pu jusqu’à présent la dissimuler ? Comment, rien ne vous a touché, ni mon affection de sœur, ni la haine que me portait mademoiselle de Maran ? Comment, vous, avec votre esprit, vous n’avez pas vu qu’elle prenait à tâche de vous humilier en me louant afin d’exciter votre jalousie, votre