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M. de Mortagne dicta ce qui suit à M. Lugarto :

« Je déclare avoir écrit de fausses lettres à madame la vicomtesse de Lancry, en contrefaisant l’écriture de son mari. Par ces lettres, M. de Lancry invitait sa femme à se rendre à l’instant, auprès de lui, dans une maison située près de Chantilly. Madame de Lancry, ayant tombé dans ce piège infâme, est partie aussitôt de Paris ; à son arrivée ici, elle a trouvé une autre lettre de M. de Lancry, également contrefaite par moi, dans laquelle il priait sa femme de ne pas s’inquiéter, de l’attendre, lui annonçant qu’il serait de retour le lendemain. Madame de Lancry, épuisée de fatigue, a accepté le souper que je lui avais fait préparer, j’avais mélangé un narcotique dans tout ce qu’on lui a servi ; lorsque l’effet de ce poison a commencé de se manifester, je me suis présenté devant madame de Lancry, j’ai eu la barbarie de lui annoncer qu’elle avait pris un narcotique et de lui faire constater de minute en minute l’influence croissante de ce breuvage, affirmant à madame de Lancry qu’à minuit elle