Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma main. Lancry met le bon dans un tiroir et sort sans ôter la clé, car il ne brille pas par l’ordre, votre tendre époux ; le domestique prend le bon, selon mes ordres, et me le renvoie. Le lendemain Lancry cherche son bon… rien… il questionne son valet-de-chambre… rien. Celui-ci joue son rôle à merveille ; il ne sait pas ce que son maître lui demande… Le juif arrive, veut son argent à toutes forces, menace de s’adresser à la famille de la fiancée et de faire ainsi manquer le mariage.

Lancry, aux abois, se voit au moment de perdre son héritière, faute de ce maudit bon ; il éclate, il tempête ; dans sa colère, il instruit son valet, dans lequel d’ailleurs il avait toute confiance, de l’atroce embarras où il se trouve. Mon drôle alors, suivant de point en point mes instructions, fait à son maître le raisonnement suivant, après mainte hésitation. « M. le comte de Lugarto a envoyé à M. le vicomte un bon de deux mille louis ; il veut donc lui prêter deux mille louis ; maintenant M. le vicomte a égaré le bon. Où serait le mal si M. le vicomte fabriquait un autre bon ? — Misérable !… un faux ? — Mais