Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fatigué, souffrant ; il m’a ordonné de prendre un cabriolet à la poste et de venir chercher madame.

Une folle espérance me passa par le cœur. Je pensai un moment que Gontran m’avait trompée en annonçant la ruine de notre maisonnette, qu’il me ménageait une surprise, et que c’était dans cette retraite que nous devions nous réfugier pour échapper aux méchants bruits du monde.

J’avais tant de religion pour cette adorable phase de ma vie passée, que, par un scrupule exagéré, je ne voulus pas, pour ainsi dire, profaner mon espoir et mes souvenirs chéris en faisant à Fritz la moindre question à ce sujet.

Ainsi que Gontran me l’avait recommandé, j’écrivis à mademoiselle de Maran, à M. de Versac et à madame de Ksernika que j’allais passer quelques jours à la campagne chez Ursule ; je donnai chez moi l’ordre de répondre dans le même sens aux personnes qui pourraient venir me voir.

J’étais fâchée de ne pouvoir emmener Blondeau, mais je ne songeai pas même à lui par-