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les sept péchés capitaux, qu’il vous aurait épousée tout de même.

— Aussi, Madame, jugez donc combien je me suis trouvée heureuse d’être à la fois riche, belle et dévouée.

— Mais c’est intolérable, mais c’est l’acharnement dans la frénésie qu’un tel amour ! — s’écria mademoiselle de Maran hors d’elle-même. — Mais, enfin, un jour il mourra ; il faudra bien qu’il meure, ce cher et bel adoré ! Comment vous consolerez-vous alors ? Ah !… ah !… ah !… je vous prends sans vert ! répondez à cela !

— Dans ce monde, je prierai Dieu pour lui ; dans l’autre, je le reverrai. Madame, ma vie se passerait ainsi entre la prière et l’espérance…

Mademoiselle de Maran se leva brusquement et s’écria :

— Allons, c’est une gageure, un parti pris, un défi… dont je ne suis pas dupe. Vous faites contre fortune bon cœur… vous êtes si orgueilleuse !!… Vous crèveriez de désespoir et de rage… plutôt que de pleurer devant moi !! C’est bien, ma mie, à votre aise. Vous êtes heureuse, très heureuse, superlativement heu-