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taine judiciaire au moins ? Mais on a eu beau faire et beau dire, il n’y a pas eu moyen de vous ôter ce beau mari-là de la tête, pauvre petite ! Eh ! penser qu’après quatre mois à peine de mariage, vous voilà avec un mari méprisé, ruiné, infidèle ! Tenez… c’est à fendre le cœur ! Je sais bien que vous me répondrez à ça que la conduite de votre infidèle vous a donné le droit d’user de représailles, et que ce Lugarto ne manque pas d’agréments, malgré sa figure de cire jaune, ses épilepsies et sa manie de titulature ; c’est égal, quand on me parle de votre goût pour lui, je me révolte… je m’indigne…

— Vraiment, Madame…

— Vraiment… mais comme vous prenez bien ce que je vous dis ! ça n’a pas l’air de vous émouvoir du tout !

— Non, Madame… vous le voyez… je suis très calme… Je suis touchée même du sentiment qui vous dicte les consolations que vous venez me donner.

— Et vous avez bien raison d’en être touchée ; mais je vous disais que, lorsqu’on me parlait de votre goût pour ce Lugarto, je me