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l’atteindre. Nous allons partir… à l’instant… Tu m’accompagneras…

— Partir, Madame, dans l’état où vous êtes ? mais c’est impossible.

— Je te dis qu’il le faut… Tu ne sais pas combien cela est important.

— Comment faire alors, Madame, pour savoir où est allé M. le vicomte ; il n’est parti ni dans sa voiture, ni en poste, il a fait venir un fiacre, et y est monté avec son valet de chambre.

— Mon Dieu !… mon Dieu ! — m’écriai-je avec désespoir.

Je ne comprenais rien au brusque départ de Gontran, je redoutais quelque perfidie de M. Lugarto.

J’envoyai Blondeau s’informer si ce dernier était à Paris ; on lui répondit qu’il y était, que sa blessure avait assez de gravité, et qu’il ne pouvait pas sortir de quelques jours.

J’étais en proie à une mortelle inquiétude. Je frémissais en songeant que M. de Mortagne avait pour ainsi dire prévu cette absence de Gontran, puisqu’il m’avait expressément recommandé de ne pas quitter M. de Lancry.