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vices nécessaires pour assurer le malheur de sa nièce, qu’elle abhorrait… M. de Lancry lui a paru doué des qualités convenables ; elle a donné parole à M. de Versac, et l’on a commencé cette odieuse machination… Il y a une justice humaine, dit-on, et cela se passe impunément ainsi ! — s’écria M. de Mortagne avec indignation. Voici une jeune fille orpheline, isolée depuis son enfance de toute affection, abandonnée à elle-même, sans appui, sans conseil… On introduit près d’elle, à chaque instant du jour, un homme doué de séductions dangereuses ; on écarte tout rival honorable ; on la lui livre, à cet homme, à lui tout seul… à lui rompu dès long-temps aux intrigues de la galanterie. La pauvre enfant, sans expérience, habituée aux duretés, aux perfidies d’une marâtre, écoute avec une confiance ingénue et ravie les douceurs hypocrites, les promesses menteuses de cet homme. Ignorante du danger qu’elle court, elle ne s’aperçoit qu’elle aime… que lorsque l’amour est à jamais enraciné dans son cœur… La malheureuse enfant n’a pas un ami, pas un parent pour l’éclairer sur les dan-