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tion de vanité, je sentais que ma tante devait être satisfaite, tout en assurant mon bonheur, de pouvoir donner ma main au neveu d’un de ses amis intimes ; mais, dans cette circonstance, les regrets affectueux que me témoignait mademoiselle de Maran m’émurent profondément.

Je pris sa main, je la portai à mes lèvres, et je la baisai cette fois avec une tendre vénération. Elle avait la tête baissée ; je ne voyais que son front. Tout-à-coup elle se releva vivement en m’ouvrant ses bras.

À ma grande surprise, deux larmes, les seules que j’aie jamais vu répandre à Mademoiselle de Maran, mouillaient ses paupières.

Je me mis à genoux devant elle. Elle appuya légèrement ses deux mains sur mes épaules, et me dit en me regardant avec intérêt :

— Jamais tu ne t’es plainte, jamais tu n’as senti la douceur d’une caresse maternelle… jusqu’à présent ; ou je t’ai abominablement tourmentée… ou bien je t’ai louée avec une funeste exagération… j’ai eu tort, j’en suis dé-