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des élans de reconnaissance ineffable et religieuse.

Vers les quatre heures, mademoiselle de Maran me fit venir dans sa chambre, où je n’étais pas entrée depuis fort long-temps. Je ne puis vous dire, mon ami, ce que j’éprouvai en me retrouvant dans cet appartement qui me rappelait les scènes cruelles de mon enfance. Rien n’y était changé : c’était toujours le crucifix, les vitraux coloriés, le secrétaire de laque rouge, les chimères vertes sur la cheminée, et sous les cages de verre, les aïeux de Félix, qui allait, sans doute, bientôt les rejoindre.

Mademoiselle de Maran était assise devant son secrétaire ; je vis sur la tablette un écrin, un portefeuille, un paquet cacheté, et un médaillon que ma tante considérait avec tant d’attention, qu’elle ne s’aperçut pas de mon entrée chez elle.

Ses traits, toujours si dédaigneux, avaient une expression de tristesse sévère que je ne lui avais jamais vue. Ses lèvres minces n’étaient plus contractées par le sourire d’implacable