Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lèvres, dont le cœur se révolte. Oh ! que de larmes dévorées en secret, pendant que je jouais cette triste et amère comédie !… Mais, vois-tu, maintenant je ne puis plus, je souffre trop… Non, je ne puis plus ! Ah ! plutôt que de continuer à m’abaisser à mentir ainsi… oh ! oui… la mort ! mille fois la mort.

L’accent d’Ursule était si déchirant, si désespéré, son air si égaré, ses traits si bouleversés, qu’elle m’effraya.

Alors je comprenais sa conduite ; alors j’étais frappée du courage qu’il lui avait fallu pour tenter seulement ce qu’elle avait essayé.

— Rassure-toi, rassure-toi, ma sœur, — lui dis-je, — écoute seulement mes conseils. Tu te trompes, je pense, en croyant nécessaire de t’abaisser au niveau de ton mari. Son cœur est généreux, il t’aime avec idolâtrie ; essaie au contraire de l’élever jusqu’à toi… Tout-à-l’heure, n’as-tu pas vu avec quel empressement il accueillait les observations de mademoiselle de Maran ? Juge donc de quelle autorité seraient les tiennes sur lui ? Ursule, ma sœur, songe à cela… Sans doute, je t’au-