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le vouliez, vous pourriez m’ôter tout pouvoir sur votre mari.

Je ne répondis rien ; nous montâmes en voiture, nous arrivâmes à Tortoni. À mon grand chagrin, Gontran nous conduisit dans un salon au premier. J’y reconnus plusieurs personnes qui avaient vu avec quel dédain Madame avait accueilli mon mari. Ma confusion fut à son comble lorsque je vis beaucoup de personnes nous regarder en souriant malignement.

— Enfin, — dit Gontran, — le moment est venu…

Ne sachant ce qu’il voulait dire, je le regardai. L’expression de son visage me fit peur… Je me rappelle cette scène effrayante comme si j’y assistais encore. Gontran était assis à côté de moi, il avait en face de lui madame de Ksernika et M. Lugarto. M. de Lancry se leva tout-à-coup, et dit à M. Lugarto d’une voix haute et vibrante de colère :

— Monsieur Lugarto, vous êtes un misérable !…

Celui-ci, stupéfait malgré son audace, ne sut que répondre. Plusieurs hommes se levèrent vivement. Un profond silence régna dans