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la manière dont on m’accueillait, ainsi que M. de Lancry, me surprirent sensiblement.

Les hommes lui rendaient ses saluts d’un air froid et distrait ; quelques femmes auxquelles il parla lui répondirent à peine. M. Lugarto fut, au contraire, accueilli comme d’habitude ; son visage rayonnait. Je crus voir que les hommes lui jetaient des regards d’envie, et que plusieurs femmes me montraient avec dédain.

Les révélations de M. de Rochegune me vinrent à la pensée ; je frissonnai en songeant aux bruits ignominieux dont moi et Gontran nous étions peut-être l’objet en ce moment, tant les apparences semblaient accablantes…

Je me sentis défaillir ; je dis à M. Lugarto d’une voix suppliante :

— Vous tenez notre destinée entre vos mains, Monsieur, ayez pitié de nous… sortons de ce jardin…

— Voici, madame, la duchesse de Berry. Gontran ne peut se dispenser d’aller la saluer, ni vous non plus, — me dit M. Lugarto.

En effet, Madame était venue à cette fête ;