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tait amèrement son emportement du matin, mais que je devais l’excuser en faveur de la violence d’un amour dont il n’était pas le maître.

— Hélas ! — pensais-je en l’écoutant, — qui m’aurait dit, un jour, que trois mois après mon mariage, après cette union qui était pour moi si adorablement belle et sainte, je serais réduite à entendre de telles paroles sans pouvoir témoigner ma honte, mon dégoût, mon indignation ! Oh ! profanation ! oh ! sacrilége ! un amour que j’avais rêvé si noble, si grand, si pur !

Après dîner, ainsi que l’avait voulu M. Lugarto, nous montâmes dans sa voiture, lui, la princesse, Gontran et moi ; nous allâmes à Tivoli. Mon supplice continua.

M. Lugarto me donnait le bras, mon mari donnait le sien à la princesse : il y avait beaucoup de monde à cette fête ; presque toutes les personnes de la cour que leur service retenait à Paris y assistaient.

J’étais restée assez longtemps malade ; depuis quelques semaines, je n’étais pas allée dans le monde : aussi certaines nuances dans