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— Gontran… vous savez bien qu’il n’en est rien. N’ai-je pas goûté un bonheur idéal dans notre retraite de Chantilly ? Qui est venu nous arracher de cet Éden ? cet homme odieux ! Son arrivée n’a-t-elle pas été le signal de nos chagrins ? ne sais-je pas maintenant qu’en rendant des soins à cette femme dont j’étais si jalouse vous obéissiez encore à l’influence de cet homme ? N’avait-il pas besoin, pour ses affreux projets, que vous eussiez l’air de m’être infidèle ? Encore une fois, Gontran, je ne vous accuse pas.

— Vous êtes pourtant, et toujours et malgré tout, une noble et excellente créature, — me dit Gontran en me regardant d’un air attendri. — Ah ! maudit soit le jour où j’ai écouté les avis de mon oncle et de votre tante !… Quelle vie je vous ai faite, malheureuse enfant ! Ah ! c’est affreux ! Tenez, j’ai quelquefois horreur de moi-même.

En disant ces mots, Gontran sortit violemment.

Le malheur donne quelquefois une grande décision de caractère.

Je résolus de suivre les ordres de Gontran,