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de résolution que vous ne le pensez. Voyons, regardons notre position bien en face… Cet homme peut vous perdre, je l’abhorre autant que je vous aime, Gontran ; je pourrai bien, je vous le promets, cacher l’horreur qu’il m’inspire… mais enfin s’il persiste, si un jour il me dit… à moi… car cet homme ose tout : Ce secret qui peut perdre votre mari, je le dévoile, si vous ne m’aimez pas ?…

Gontran rougit d’indignation, et s’écria :

— Je le tuerai… et me tuerai après !

— Cet homme avait donc raison… mon ami… un crime ou le suicide… Allons… c’est bien… En tous cas vous ne mourrez pas seul. Voici donc nos chances les plus terribles… Maintenant écoutez-moi… Ce matin, M. de Rochegune est venu me faire ses adieux ; il a reçu ici une lettre de M. de Mortagne. Ne prenez pas cet air courroucé, Gontran ; notre position est bien triste, et M. de Mortagne est peut-être notre seul ami. Il sait, je ne sais comment… que M. de Lugarto a de funestes desseins sur vous, sur moi. Il est parti, dit-il, de Paris pour les déjouer ; il me fait surtout recommander de ne jamais vous quitter si vous