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maintenant ! Ma position envers Lugarto est claire et tranchée, j’espère ?

— Comment, Gontran, je devais écouter sans indignation les horribles aveux de cet homme !… Mais mon honneur, mais le vôtre !

— Eh, madame ! qui vous parle de compromettre votre honneur et le mien ? il y a un abîme entre une faute et une innocente coquetterie… Si vous aviez eu l’ombre de perspicacité, aux premiers mots que je vous ai dit sur Lugarto, vous auriez deviné que c’était un homme à ménager. Mais non, malgré mes recommandations les plus expresses, vous avez vingt fois pris à tâche de l’irriter. Blasé, méchant comme il est, il trouve un affreux plaisir dans les contrariétés, dans les résistances… Quelques banalités affectueuses de votre part nous en auraient débarrassés… Mais vous l’avez piqué au jeu… Maintenant, — ajouta M. de Lancry avec rage, — maintenant il est poussé à bout. Malgré moi je me suis laissé aller à lui dire de dures paroles… Maintenant je sais qu’il vous fait la cour, et il faut que je sois assez lâche pour ne pas le souffleter, et pour aller ce soir, demain, tous les jours en