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ces hommes qui se font pardonner la vulgarité de leur tournure et de leur langage par la franchise et par la bonhomie de leurs manières.

Néanmoins je n’eusse jamais cru que ma cousine, avee nos idées de jeunes filles, aurait pu se décider à un pareil mariage. En voyant M. Sécherin, le sacrifice qu’Ursule disait m’avoir fait me parut encore plus grand. Je la plaignais profondément d’avoir dû subir l’impérieuse volonté de son père.

En embrassant Ursule, je lui serrai la main ; elle me comprit, et serra la mienne en levant les yeux au ciel.

Mademoiselle de Maran entra avec M. de Lancry. Ursule me jeta un regard qui me navra : elle comparait son mari à Gontran.

Ma cousine présenta son mari à ma tante ; je crus que celle-ci allait donner carrière à son esprit ironique. À mon grand étonnement, il n’en fut pas d’abord ainsi ; mademoiselle de Maran fit la bonne femme, et dit à M. Sécherin avec la plus grande affabilité, afin sans doute de le mettre en confiance :

— Eh bien ! Monsieur, vous voulez donc