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cette amitié. Ici, dans cette maison, la scène de reconnaissance dont j’ai été témoin…

— Par grâce, Madame, — dit M. de Rochegune en m’interrompant, — permettez-moi d’oublier ce temps-là ; pour moi, trop d’amers souvenirs s’y rattachent. Je vous ai demandé, Madame, si vous me croyez honnête homme, parce qu’il faut que je sois bien fort de votre confiance, moi qui vous suis inconnu, moi que vous ne verrez plus peut-être, Madame, pour oser dire ce que j’ai à vous dire.

— Monsieur, je suis sûre que je puis vous écouter sans crainte.

— Je vais donc parler, Madame, avec sincérité… Un mot seulement… Croyez que l’homme auquel vous voulez bien reconnaître quelque noblesse de cœur est incapable de cacher une arrière-pensée. Si vous ne connaissiez pas, Madame, plusieurs antécédents de ma vie, peut-être la démarche que je tente vous semblerait blessante, incompréhensible. Permettez-moi donc d’entrer dans quelques détails.

— Je vous écoute, Monsieur.

M. de Rochegune, avant de continuer, parut se recueillir. Sa figure douce et triste devint