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ventions au sujet de Gontran, car un des symptômes de l’amour est un aveuglement complet : mais le charme qu’elle possédait m’attirait malgré moi, et je ne mettais plus en doute l’intérêt qu’elle me portait.

— Madame la duchesse de Richeville n’a pas envoyé savoir de mes nouvelles ? — demandai-je à Blondeau.

— Non, Madame… mais…

Je vis à la physionomie de Blondeau qu’elle avait quelque chose à me dire au sujet de cette liste, et qu’elle hésitait.

— Qu’as-tu donc ? tu parais embarrassée ? (Quoique ce tutoiement fût assez peu convenable, je n’avais pu renoncer à cette habitude de mon enfance.)

— C’est que j’ai peur de vous inquiéter, Madame.

— S’agirait-il de M. de Lancry ? — m’écriai-je.

— Non, non, Madame, c’est une aventure extraordinaire qui s’est passée pendant votre maladie. Je ne vous en aurais pas parlé s’il ne s’agissait pas, indirectement il est vrai, de ce bon M. de Mortagne.