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souvent cet homme m’envoyait des fleurs. Il demanda à mon mari une place dans notre loge à l’Opéra pour la fin de la saison ; malgré mes supplications, M. de Lancry la lui accorda.

À toutes mes objections il n’avait que cette réponse :

« Lugarto est mon ami intime ; je ne puis ni ne veux rompre une très ancienne liaison pour satisfaire à votre antipathie aussi injuste qu’elle est déraisonnable. Lugarto vous déplaît, soit, vous ne le lui prouvez que trop, je vous laisse libre d’agir à votre gré, laissez-moi la même liberté à son égard ; seulement, par convenance, ménagez-le devant le monde. »

J’avais déjà pu reconnaître que la volonté de Gontran était inébranlable, je me résignai.

Heureusement je m’aperçus d’un changement notable dans les manières de M. Lugarto à mon égard. Au lieu de me poursuivre de sa conversation lorsqu’il se trouvait dans le monde avec nous, il m’adressait à peine quelques mots. Plusieurs fois Gontran m’avait obligée à offrir aussi une place dans notre