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— Je ne reviens pas de ma stupeur, — me dit la duchesse ; — vous connaissez donc cet homme ?

— Non pas moi, Madame ; il est l’ami intime de mon mari, qui me l’a présenté ; il me cause autant de frayeur que d’aversion. Oh ! par grâce, emmenez-moi d’ici.

Pendant que je parlais à voix basse avec la duchesse, M. Lugarto répondit d’un air distrait et hautain aux empressements de quelques jeunes gens, grands admirateurs de son luxe et de ses chevaux.

Madame de Richeville resta un moment silencieuse et comme absorbée ; puis elle me dit avec un accent profondément ému :

— Bénissez Dieu, pauvre enfant, de ce qu’il vous a rendu M. de Mortagne ; je ne sais pourquoi cette intimité de votre mari et de M. Lugarto m’épouvante. Venez retrouver M. de Lancry, vous êtes toute pâle.

— Oui, Madame ; et puis c’est un enfantillage, mais il me semble que ces horribles fleurs que j’ai au front me donnent le vertige.

Je ne sais si M. Lugarto m’entendit ; abandonnant aussitôt les personnes qui l’entou-