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vous avais pas inquiétée. Mais, sérieusement… quelle terrible vengeance voulez vous que Lugarto ?…

— Mais, mon ami, hier matin, vous m’avez paru fâché de la dureté de mes réponses.

— Oui, sans doute ; car, je vous le répète, malgré quelques excentricités de caractère, je le regarde, Lugarto, comme un de mes meilleurs amis ; comme tel, je désire le voir à l’abri de vos spirituelles attaques, ma jolie petite méchante ; mais ce sera difficile, et, je le vois, on dira l’esprit des Maran, comme on disait l’esprit des Mortemart. Pourtant, je vous en prie, ménagez ce pauvre garçon, si ce n’est pour lui… que ce soit pour moi.

— Mais hier… vous m’avez dit aussi que vous craigniez de l’irriter ?

— Sans doute, car alors il tombe dans des désolations sans fin, il me reproche de ne pas l’aimer, d’être un mauvais ami ; en un mot, de sa part, ce ne sont pas des reproches, je n’en supporterais pas, mais des plaintes, c’est ce qui me rend le plus impitoyable envers lui…

— Et vous êtes bien sûr de son amitié ? — demandai-je en hésitant à Gontran.