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épigrammes… Lui qui a le caractère le meilleur, le plus inoffensif, le plus généreux, prend ces malices en très bonne part ; il en rit comme j’en ris moi-même maintenant, fort gaîment… C’est qu’en effet il n’y avait rien de plus piquant, de plus gai que vos épigrammes et que celles de votre tante ; elles étaient avec cela d’un à-propos inouï.

La voix de M. de Lancry était saccadée, interrompue par des éclats de rire brusques, nerveux, il me parlait presque sans me voir, et en marchant avec agitation, comme s’il eût été en délire.

— Mon Dieu !… mon Dieu !… Gontran, vous m’épouvantez… Par pitié… dites… qu’avez-vous ?

Mon mari s’arrêta brusquement devant moi, passa ses deux mains sur son visage, me parut revenir à lui, et me dit d’une voix terrible :

— Ce que j’ai ?… ce que j’ai ?… Vous ne savez donc pas quel est l’homme que vous et votre tante avez impitoyablement raillé ? Votre infernale tante a fini tantôt ce que vous avez si bien commencé ce matin. Ah ! Mathilde !… Mathilde !… qu’avez-vous fait ?…