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d’une manière charmante à toutes les grandes et généreuses pensées que cette scène soulevait en moi. Je regardai Gontran avec émotion. Il me sembla partager l’admiration que m’inspiraient le bienfaiteur et l’obligé.

Mademoiselle de Maran avait plusieurs fois souri d’un air ironique. Je reconnus sa méchanceté habituelle au portrait qu’elle avait fait du père de M. de Rochegune, l’un des hommes les plus remarquables, les plus justement vénérés de son temps, et qui s’était illustré par une foule d’actes d’une philanthropie éclairée, et par de beaux et grands travaux d’intelligence.

— Monsieur, — dit Gontran à M. de Rochegune avec une amabilité parfaite, — je suis bien heureux du hasard qui m’a mis à même de reconnaître ce que je savais déjà par le bruit du monde, c’est que dans certaines familles privilégiés, et la vôtre est de ce nombre, Monsieur, les plus nobles qualités sont héréditaires ; — puis s’adressant à M. Duval, il ajouta : — Il y a deux mois, Monsieur, qu’à l’Opéra j’avais l’honneur de raconter à ces dames votre belle conduite avec l’enthou-