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nant la mémoire de votre mère m’est aussi sacrée qu’à vous ; c’est pour la conserver pure de toute souillure que, malgré votre répugnance, j’insiste absolument pour que vous fassiez quelques rares visites à mademoiselle de Maran. Encore une fois cela est nécessaire, indispensable… vous m’entendez.

En prononçant ces derniers mots, la voix de M. de Lancry, jusque là douce et affectueuse, prit une expression plus ferme ; il contracta légèrement ses sourcils.

Je craignis de l’avoir blessé par ma résistance, j’en fus désespérée ; mais ce qu’il me demandait, avec raison peut-être, me semblait au-dessus de mes forces.

— Pardon, pardon, mon ami, — lui dis-je ; — ayez pitié de ma faiblesse… Je ne le peux pas… Encore une fois, pour rien au monde… je ne reverrai cette femme… Au nom de notre amour, Gontran… n’exigez pas cela de moi… Je me le pourrais pas.

— Je vous assure, Mathilde, que vous le pourrez… C’est un sacrifice, un grand sacrifice… soit… je vous le demande.

— Gontran, par pitié !