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toute sa poésie, et que, sans prodigalité folle, on aurait pu le respecter à tout jamais.

Je n’accusai pas Gontran ; absorbé par le bonheur présent, il avait pu négliger l’avenir ; je songeai qu’à nous autres femmes était surtout réservé le culte du passé.

— Gontran, — lui dis-je, — je suis toute fière d’une pensée que vous n’avez pas eue malgré votre cœur si ingénieusement inventif…

— Parlez, ma chère Mathilde.

— Il nous faut acquérir tout de suite cette maison et le petit champ qui l’environne, puisqu’heureusement cela n’est pas encore vendu à M. le duc de Bourbon.

— Vous n’y songez pas, Mathilde, le prince doit payer la convenance de cette acquisition. Le propriétaire nous ferait les mêmes conditions qu’au prince, et dans de pareilles circonstances ces gens-là ont toujours des prétentions exorbitantes.

— Mais encore, combien cela vaut-il ?

— Que sais-je ? peut-être trente, quarante mille francs, plus même, car on ne peut assigner de prix raisonnable à une chose toute de convenance…