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comme cela lui arrive souvent ; il a murmuré à voix basse : — « Je ne hais pas cet homme ; excepté à la guerre, la vue du sang m’a toujours révolté, et j’ai vu couler le sien avec une joie féroce… J’ai été sur le point de ne plus le ménager, et puis la voix m’a dit de lui laisser la vie ; je l’ai écoutée. »

— Quelle voix, monsieur Stok ?

— Je ne sais, madame Blondeau… Quelquefois il interrompt brusquement sa promenade, s’arrête… paraît écouter, met les deux mains sur son front et recommence à marcher.

— Pauvre colonel !…

— Mais voyez comme je suis égoïste, je ne vous parle que de mon maître, — dit Stok. — Et madame la vicomtesse ?

— Madame est toujours en Touraine, toujours bien souffrante.

— Ah ! madame Blondeau, depuis que nous nous connaissons, que de changements, que de malheurs !

— Fasse le Seigneur qu’ils soient à leur terme pour ma maîtresse, monsieur Stok ! Je