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étancher sa soif, ne se plaignant jamais. S’il était blessé… quand je m’approchais de lui, il souriait, mais d’un sourire si bon, si doux, que, malgré mes craintes, je me sentais tout rassuré. Hélas ! depuis un an… ce sourire-là n’a plus jamais reparu sur ses lèvres… Il ne voit personne… ne va chez personne… Une seule fois, il est sorti pour ce duel…

— Ah ! ce duel, ce duel… monsieur Stok, quand je pense que ce malheureux coffret l’a causé.

— Pour ce qui est du duel, je n’étais pas absolument inquiet, madame Blondeau, je savais l’adresse et la force de mon maître. Autrefois, il battait les plus fameux maîtres d’armes ; pourtant, malgré moi, j’allais, je venais à la porte. Enfin, quand je l’ai vu rentrer avec les deux soldats qu’il m’avait envoyé chercher pour témoins ici près à la caserne, mon pauvre vieux cœur a bondi de joie… Ce jeune homme en a été quitte pour un coup d’épée qui l’a tenu un mois couché… Le soir du duel, mon maître a dit un mot qui m’a bien étonné de sa part ; il se parlait à lui-même,