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comme un enfant… Lui pleurer !… lui…, on m’eût dit cela, il y a un an, voyez-vous, que je ne l’aurais jamais cru !… et puis presque toutes les nuits… et Stok soupira.

— Toujours au cimetière ? juste ciel !

— Toujours, madame Blondeau… c’est à fendre l’âme…

— Et le reste du temps, monsieur Stok ?

— Il rêve, il se désole, il se promène dans la petite chambre carrelée qu’il habite. Elle est cent fois plus froide, plus humide que les autres, car elle servait de salle de bains. Eh bien ! on dirait que monsieur l’a choisie exprès, parce qu’elle est la plus mauvaise de l’hôtel. Tenez, madame Blondeau, il y a quelque chose qui a l’air d’un enfantillage, et pourtant les larmes me viennent aux yeux quand je vois cela.

— Quoi donc, monsieur Stok ?

— Depuis six mois que nous habitons cette maison, à force de marcher dans cette petite chambre, de la porte à la fenêtre, et de la fenêtre à la porte, toujours dans le même endroit, mon maître a tellement usé le carreau, qu’on y voit creusée la trace de ses pas.