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Puis, montrant son ami, il ajouta : — M. le marquis de Baudricourt.

Le colonel fit de nouveau un léger mouvement de tête en manière de salut.

Regardant Gaston bien en face, croisant ses mains derrière son dos, il attendit que ce dernier lui expliquât le sujet de cette visite.

Malgré son assurance, malgré son habitude du monde, Gaston resta un moment interdit.

Les traits durs et bronzés du colonel étaient impassibles ; on eût dit un masque d’airain. Ses grands yeux gris avaient un regard clair, fixe, pénétrant, qui, à la longue, devenait insupportable.

Rien de plus difficile que de rompre certains silences. Soit qu’Alfred attendît que Gaston prît la parole, soit que celui-ci attendît que le colonel parlât, tous trois restèrent muets quelques minutes.

Alors seulement Gaston sentit qu’il lui serait assez difficile d’expliquer le sujet de sa visite sans compromettre la femme dont il croyait avoir à se plaindre.

Ainsi que cela arrive souvent, au moment de l’explication qu’il venait demander, Gaston