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disent ces bonnes gens. Mais quel froid !… quel froid ! Si c’est le diable, il devrait au moins, par égard pour ceux qui viennent le voir, jeter ici comme un reflet de sa rôtissoire infernale.

À ce moment, le domestique ouvrit une porte ; le colonel entra.

C’était un homme de haute taille, très simplement vêtu. Il paraissait âgé de trente-six ans, quoique ses cheveux bruns commençassent à grisonner légèrement sur les tempes.

Son teint était très basané ; le pli profond qui séparait ses sourcils noirs, droits et prononcés, lui donnait une physionomie dure, hautaine, quoique ses traits, d’ailleurs très réguliers, eussent pu dans d’autres temps exprimer des sentiments plus doux. Il tenait à la main la carte de Gaston ; il y jeta les yeux, et dit d’une voix ferme, brève, et sans aucun accent étranger, en interrogeant à la fois les deux jeunes gens :

— Monsieur le comte Gaston de Senneville ?

— C’est moi, monsieur, — dit Gaston. —