Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tre air ricaneur, que, si vous ne buvez pas ce qu’on vous sert ici, vous ne devez pas chercher à en dégoûter les autres.

Alfred répondit avec un sérieux imperturbable :

— Croyez, ma cher Madame, que je n’ai pas abusé de mon influence sur monsieur. Je vous déclare que, lorsqu’il est abandonné à ses propres penchants, il ne mange jamais d’araignée.

— Venez, cette femme est folle, — dit Gaston en jetant un louis sur le comptoir.

La veuve repoussa fièrement la pièce d’or, en s’écriant que, dans son établissement, on ne payait que ce que l’on avait consumé.

J’ai donné à ce drôle pour son araignée, — dit Alfred à Gaston.

Celui-ci reprit son louis, et les deux jeunes gens sortirent.

À peine avaient-ils fermé la porte du café, que M. Godet les suivit nu-tête, malgré le froid.

— Votre chapeau, monsieur Godet ! — s’écria la veuve, qui devina les intentions de son habitué.