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par une autre pantomime, signifiant à peu près : « Ah ! mon Dieu ! ne nous en parlez pas, Boitard ; cela fait pitié ! »

Alors Boitard, haussant de nouveau les épaules, prit la carafe d’une main, enfonça à plusieurs reprises son gros vilain doigt dans le goulot, et commença une pêche d’un nouveau genre.

Cette pêche fut couronnée d’un plein succès. Boitard retira l’araignée, la prit délicatement entre le pouce et l’index, l’écrasa sous son pied, remit, avec un imperturbable sang-froid, la carafe sur la table, et dit à Alfred, comme s’il lui eût reproché un caprice d’enfant gâté : — Eh bien, monsieur, j’espère que vous ne me direz plus qu’il y a des araignées dans l’eau, maintenant !

Alfred avait contemplé la manœuvre de Boitard avec une admiration profonde. Ces derniers mots lui parurent sublimes.

Il lui mit cent sous dans la main et lui dit : — Ceci est pour vous, Boitard ; toute perfection a son prix, et, dans votre spécialité, vous êtes, mon cher, magnifiquement malpropre.