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bien assez d’attendre les remords sans aller au-devant d’eux, pas d’exagérations. Vous avez eu des torts… envers elle, dites-vous. Mais la question n’est pas là ; il s’agit de savoir si ces torts peuvent vous nuire : eh bien ! je ne le crois pas. On la dit généreuse et fière, autrefois, vous-même ne tarissiez pas sur les qualités de son cœur ; vous la souteniez incapable d’une perfidie, d’une noirceur.

— Eh, vous savez comme moi que ce sont justement ces caractères-là qui quelquefois souffrent, s’irritent, se vengent le plus cruellement des perfidies… Jamais je n’ai eu à me plaindre d’elle, et pourtant je lui ai donné bien des motifs de jalousie ; mais c’est un de ces caractères entiers qui dévorent leurs larmes et qui vous accueillent toujours avec un front serein. Ça en est souvent blessant pour l’amour-propre ! À part cela, encore une fois, je n’ai rien à lui reprocher. Si vous n’étiez pas venu me proposer ce mariage qui fera monter ma fortune à plus de cinquante mille écus de rente, sans les espérances, j’aurais pardieu conservé cette liaison, si ce n’est comme un bien vif plaisir, du moins comme une habitude